GLOSSAIRE

(extraits d'un glossaire disponible au CIES)


 

On trouvera ci-dessous quelques mots fréquemment utilis é s dans le champ syst é mique

 

autonomie
(du gr. auto: soi et nomos: la loi.). Sens commun: PossibilitÈ de dÈcider dont peut jouir un organisme (organisation sociale, politique ou Èconomique, individu, etc.). En science des systËmes: PropriÈtÈ d'un systËme qui se donne lui-mÍme sa propre loi. (voir hÈtÈronomie, clÙture opÈrationnelle, autogenËse).

 

auto-organisation
Processus d'Èmergence spontanÈe d'ordre dans un systËme, dû ý des relations internes au systËme et/ou ý des relations avec son environnement et ý la manifestation de ces relations dans l'Ècoulement du temps. Augmente la complexitÈ. Voir aussi: morphogenËse.

 

autopoïèse
(gr. auto: soi-mÍme, poiËsis: production; nÈologisme) PropriÈtÈ d'un systËme qui se produit lui-mÍme. Cette propriÈtÈ est due ý la prÈsence d'une boucle fermÈe entre son organisation (rÈseau) logique et les processus physiques dont il est le siËge. "Un systËme autopoÔÈtique est organisÈ comme un rÈseau de processus de production de composants qui: a) rÈgÈnËrent continuellement par leurs transformations et leurs interactions le rÈseau qui les a produits, et qui b) constituent le systËme en tant qu'unitÈ concrËte dans l'espace où il existe, en spÈcifiant le domaine topologique où il se rÈalise comme rÈseau." (F. Varela).

 

auto-référence
PropriÈtÈ d'un systËme qui est sa propre rÈfÈrence. Il y a rÈfÈrence possible lorsqu'on est en prÈsence de deux niveaux logiques, un niveau et un mÈta-niveau. Exemple: le niveau des objets du monde et le mÈta-niveau du langage qui s'y rÈfËre. Il y a hÈtÈro-rÈfÈrence lorsque un mot (ou une phrase) se rÈfËre ý un objet (ou une situation) du monde, par exemple: une table. Il y a auto-rÈfÈrence lorsqu'un signe se rÈfËre ý lui-mÍme. Exemple d'une phrase qui se rÈfËre ý elle-mÍme: "Cette phrase est fausse". Autres exemples de situations auto-rÈfÈrentielles, plus abstraites: l'autopoÔËse, car l'organisation logique produit la structure physique qui la rÈalise logiquement et la rÈgÈnËre. L'autogenËse, car une identitÈ en voie d'autonomisation intervient dans les rËgles de sa propre production, c'est-ý-dire dans le dialogue autopoÔÈtique entre son organisation logique et ses processus physiques. Certains concepts proches de l'ultime et du tout, ont un fort caractËre auto-rÈfÈrentiel, par exemple: Ítre, rÈalitÈ, identitÈ, existence, substance. Ils renvoient ý eux-mÍmes (miroir ontologique).

 

contingent
Ce qui peut Ítre ou ne pas Ítre. S'oppose ý nÈcessaire. Logiquement irrelevant. Un ÈvÈnement historique contingent aurait pu ne pas arriver, par opposition ý une circonstance nÈcessaire, qui doit logiquement arriver.

 

cybernétique
(N. Wiener, du gr. kybernetiki: art du pilotage) Science du contrÙle et de la communication chez les Ítres vivants, les machines et, plus gÈnÈralement, dans tous les systËmes, naturels ou construits. La cybernÈtique forme, avec la thÈorie gÈnÈrale des systËmes du biologiste L. von Bertalanffy (TGS), ce qu'on appelle souvent la premiËre systÈmique qui est l'Ètude du fonctionnement des systËmes (et non de leur Èmergence, de leur transformation et de leur Èvolution). Une des notions les plus importantes de la cybernÈtique est la rÈtroaction.

 

déterminisme
Attitude ÈpistÈmologique consistant ý penser que l'Ètat ultÈrieur d'un systËme est entiËrement dÈterminÈ par son Ètat prÈsent, les mÍmes causes produisant les mÍmes effets. Un systËme peut Ítre rigoureusement dÈterministe ou n'Ítre dÈterminÈ que de faÁon probabiliste; dans ce dernier cas, l'Ètat ultÈrieur n'est pas dÈterminÈ de faÁon prÈcise, mais selon une certaine distribution de probabilitÈ. En dynamique des systËmes non-linÈaires, loin de l'Èquilibre, un systËme peut Ítre dÈterministe (donc non probabiliste) et nÈanmoins Ítre trËs rapidement imprÈdictible ( grande sensibilitÈ aux conditions initiales). (voir causalitÈ, horizon temporel).

 

entropie
Grandeur utilisÈe en thermodynamique et caractÈrisant le sens de l'Èvolution d'un systËme isolÈ. Le 2Ëme principe de la thermodynamique dit en effet que l'entropie d'un systËme isolÈ ne peut pas dÈcroÓtre (Clausius,1850). Ce principe a comme consÈquence concrËte que de la chaleur ne peut pas spontanÈment passer d'une source froide ý une source chaude. Boltzmann (1870) a proposÈ une interprÈtation statistique de l'entropie, selon laquelle l'entropie correspond au degrÈ de probabilitÈ de l'Ètat d'un systËme. L'augmentation spontanÈe de l'entropie d'un systËme isolÈ correspond ainsi au passage d'un Ètat donnÈ ý un Ètat plus probable, ý un certain niveau d'observation. Le degrÈ de probabilitÈ d'un Ètat macroscopique dÈpend du nombre de configurations microscopiques diffÈrentes qui donnent ce mÍme Ètat macroscopique. Comme les Ètats macroscopiques les plus probables sont les moins diffÈrenciÈs et les plus symÈtriques (car ils sont rÈalisables par de nombreuses configurations microscopiques), ils apparaissent donc trËs uniformes: soit rÈguliers comme un cristal, soit amorphes comme un fluide homogËne ou un ensemble d'objets en dÈsordre. C'est pourquoi on associe souvent entropie et dÈsordre (et rÈciproquement nÈguentropie et ordre organisÈ). Pour les systËmes non-isolÈs la comptabilitÈ entropique exige plus d'attention et n'a ÈtÈ partiellement Èclaircie que depuis quelques dizaines d'annÈes. En cas d'utilisation mÈtaphorique du mot entropie, on exercera la plus grande vigilance afin d'Èviter des abus ou des dÈrapages sÈmantiques.

 

épistémologie
(ÈpistÈmÈ: science et logos: Ètude). Science de la science. ThÈorie de la connaissance. Etude des prÈsupposÈs d'une science.

 

holisme
(du grec holos: entier) Attitude ÈpistÈmologique qui consiste ý considÈrer qu'un systËme complexe est une entitÈ qui possËde des caractÈristiques Èmergentes liÈes ý sa totalitÈ, propriÈtÈs qui ne sont pas rÈductibles ý, et dÈductibles de celles de ses ÈlÈments. "Le tout est plus que la somme des parties". (voir rÈductionnisme).

 

interdisciplinaire
S'applique ý des activitÈs, des problËmes et des projets dÈpassant les capacitÈs d'une seule discipline et qui impliquent donc des apports et des interactions de plusieurs disciplines. Alors que la pluridisciplinaritÈ n'est que la juxtaposition de plusieurs disciplines Ètablies, l'interdisciplinaritÈ peut conduire ý un dÈpassement des disciplines concernÈes et aboutir ý des notions transdisciplinaires.

 

matérialisme
Doctrine ontologique (sur la nature de l'Ítre) affirmant qu'il n'existe d'autre substance que la matiËre. S'oppose au spiritualisme.

 

paradigme
(du gr paradeigma: exemple, du verbe montrer) Terme utilisÈ en linguistique et en philosophie. Remis en scËne par l'ÈpistÈmologue Th. Kuhn autour de 1960. DÈf. gÈnÈrale: Ensemble des traits caractÈrisant un mode d'interaction avec le monde. Peut se dÈfinir ý diffÈrents niveaux: Perception: FaÁon de percevoir, d'apprÈhender le monde. Science: Base de connaissances communes. EpistÈmologie: Grille de lecture. Trame thÈorique et hypothËses sur lesquelles repose toute science, et qui gouvernent la faÁon dont le scientifique pense et interprËte les rÈsultats de ses expÈriences. "Attracteur sÈmantique qui organise une partie du champ du savoir servant de contrainte et de stimulant" (GirÈ). Culture: Attitude liÈe ý une reprÈsentation du monde. MÈthodologie: Moyens de traitement. (Ex: mÈdecine physicaliste / mÈdecine holistique). Outils: Moyens d'action. (Ex: prise de mÈdicaments / prise en charge).

 

réductionnisme
Attitude qui consiste ý rÈduire un systËme ou des phÈnomËnes complexes ý leurs composants plus simples et ý considÈrer ces derniers comme plus fondamentaux que la totalitÈ complexe. (voir holisme).

 

relation
Lien entre les Ètats de deux objets. Il y a une relation entre deux Ètats si ceux-ci ne sont pas alÈatoires, on peut alors les dÈcrire par une table ou une rËgle. Une relation entre deux objets physiques est une interaction qui se manifeste par un flux de matiËre ou d'Ènergie (messager, onde sonore, signal Èlectrique, onde Èlectro-magnÈtique, etc.) et s'explicite par une transformation dans un rÈcepteur qui est fonction d'une transformation dans un Èmetteur ( = in-formation). La catÈgorie "relation" et la catÈgorie "objet" reprÈsentent les deux catÈgories logiques primordiales permettant de rendre les systËmes intelligibles (systËme = tout organisÈ d'objets en relation).

 

rétroaction
PropriÈtÈ de nature cybernÈtique des systËmes dont une partie du signal de sortie est renvoyÈe sur l'entrÈe. Cette injection peut se faire: 1) sans changement de signe: rÈtroaction positive, avec renforcement explosif du signal d'entrÈe 2) avec changement de signe: rÈtroaction nÈgative, avec neutralisation du signal d'entrÈe. (homÈostasie).

 

scientisme
Opinion philosophique de la fin du 19Ëme siËcle, mais encore vivante aujourd'hui, selon laquelle la science, en particulier la science empirico-rationaliste, permet de connaÓtre la totalitÈ de ce qui existe.

 

système
(gr. systÍma: ensemble) Dans le langage courant, mot pouvant signifier: a) un ensemble de composants matÈriels (ex: systËme solaire, systËme pileux, systËme nerveux), b) un ensemble de concepts ou d'idÈes (ex: systËme mÈtrique, systËme philosophique), c) un ensemble de mÈthodes ou de procÈdÈs (systËme d'Èducation, systËme D).
Dans le contexte systÈmique, un systËme peut Ítre dÈfini de la faÁon la plus gÈnÈrale comme un tout organisÈ de composants en interaction. Cette dÈfinition gÈnÈrale fait ressortir les trois catÈgories primordiales nÈcessaires pour envisager un systËme gÈnÈrique: le monde des objets (composants), le monde des relations (interactions) et le monde de la totalitÈ (entitÈ existante). La science des systËmes s'occupe particuliËrement d'une catÈgorie plus restreinte de systËmes, caractÈrisÈs par:
  1. le fait d'exister comme des structures non-isolÈes, c'est-ý-dire d'Èchanger de l'Ènergie, de la matiËre et de l'information avec leur environnement et entre leurs composants ("ouverture" matÈrielle, systËmes dynamiques, systËmes plus ou moins ÈloignÈs de l'Èquilibre thermodynamique (caractÈrisÈ par le maximum de l'entropie)).
  2. le fait de correspondre ý une organisation circulaire, c'est-ý-dire d'avoir un rÈseau logique possÈdant une ou plusieurs des six boucles fermÈes suivantes: auto-organisation (rÈtroaction positive, morphogÈnËse), auto-rÈgulation (rÈtroaction nÈgative, homÈostasie), recyclage matÈriel (cycles Ècologiques), auto-production (autopoÔËse), auto-rÈfÈrence et auto-construction (autogenËse);
  3. le fait d'Ítre un tout cohÈrent ayant des attributs holistiques Èmergents , c'est-ý-dire liÈs ý l'entitÈ comme totalitÈ et non manifestes dans les composants sÈparÈs (ex: identitÈ, tÈlÈonomie, vie, sens, conscience).

De tels systËmes sont caractÈrisÈs par un certain degrÈ de complexitÈ et un certain degrÈ d'autonomie. Ces systËmes sont donc simultanÈment non-isolÈs (matÈriellement ouverts) sur le plan ÈnergÈtique et opÈrationnellement clos sur le plan relationnel.

 

ontologie
Partie de la philosophie qui s'occupe de l'Ítre, de sa nature.

 

pluridisciplinaire
Synonyme de multidisciplinaire et s'appliquant ý des activitÈs ou des projets faisant appel ý des spÈcialistes de plusieurs disciplines. Ne pas confondre avec interdisciplinaire ou transdisciplinaire.

 

transdisciplinaire
Se dit d'un modËle ou d'une activitÈ qui dÈpasse les usages d'une seule discipline et possËde un champ de validitÈ plus large, recouvrant plusieurs disciplines. Ne pas confondre avec pluridisciplinaire ou interdisciplinaire.


© September 1996 by Ateliers BartimÈe, AndrÈ L. Braichet, abraichet@access.ch